Si vous avez acheté de l’immobilier récemment, vous vous êtes rendu compte que les taux d’intérêts sont très faibles : proche de 1% si vous empruntez sur 25 ans et souvent moins de 1% si vous empruntez sur 20 ans.
Si vous n’avez pas acheté d’immobilier récemment, vous l’avez surement également entendu à la télé, à la radio, ou lu sur les journaux. Bref tout le monde en parle depuis des années : les conditions de crédit actuelles sont exceptionnelles.
Si vous avez un crédit immobilier assez ancien à un taux “élevé” (au-dessus de 2%), c’est encore temps de prendre rendez-vous dans votre banque pour le renégocier mais ne tardez plus ! Il est urgent de prendre ce rendez-vous !
Alors pourquoi est-ce urgent ? A cause de l’inflation !
L’inflation qui frappe l’économie de tous les pays depuis plusieurs mois va obliger les banques centrales à remonter les taux, c’est d’ores-et-déjà annoncé et donc inéluctable.
Nous allons de ce fait décortiquer dans cet article quel est le rapport entre l’inflation, les banques centrales et vos taux d’emprunts immobiliers et même de prêts à la consommation.
Les taux directeurs
Ils sont au nombre de 3 et correspondent aux taux d’intérêts fixés par les banques centrales dans le cadre de leur politique monétaire, L’objectif d’une banque centrale est de réguler l’activité économique et donc de maîtriser l’inflation.
Le taux de refinancement est le taux d’intérêt auquel les banques commerciales se refinancent auprès des banques centrales (c’est-à-dire le taux auquel elles empruntent de l’argent pour vous le prêter ensuite). C’est ce taux qui a le plus d’impact sur l’économie.
Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessus, ce taux était de 0% depuis 2016, ce qui a bien changé depuis mi-2022 ! En faisant un résumé rapide, on peut dire que nos banques commerciales empruntent de l’argent à taux 0 pour nous le prêter ensuite avec leur marge, c’est donc ce qui explique nos taux très bas de ces dernières années.
Le taux de prêt marginal est le taux d’intérêt auquel les banques commerciales empruntent aux banques centrales pour de très courtes durées (quelques heures à quelques jours maximum). Ce taux est évidemment plus élevé que le taux de refinancement.
Le taux de rémunération des dépôts est le taux d’intérêts auquel sont rémunérées les banques commerciales lorsqu’elles déposent de l’argent dans les banques centrales. C’est le livret A de la banque commerciale.
Plus ce taux est bas, plus cela incite les banques commerciales à garder leurs liquidités et donc à l’injecter dans l’économie via le mécanisme du prêt aux entreprises et aux particuliers.
Concrètement :
- Plus le taux de refinancement et/ou le taux de prêt marginal augmente, plus vos taux de crédit seront élevés.
- Plus le taux de rémunération des dépôts augmente, plus votre banque aura un intérêt à garder son argent, ce qui freinera l’accès aux crédits.
Ces taux ont donc un très grand pouvoir sur l’économie car ils influent directement sur le taux de vos crédits immobilier et consommation, sur le taux auquel les entreprises peuvent emprunter pour financer de nouvelles usines et/ou équipements etc etc…
Pourquoi ces taux bougent ? Quel intérêt ?
La mission première d’une banque centrale est de maîtriser l’inflation (voir même de réguler le chômage pour la banque centrale américaine).
L’inflation doit être sous contrôle pour une seule raison : prix stable = économie stable !
Si vous ne saviez pas le montant de votre loyer d’un mois sur l’autre ou si le montant de votre plein d’essence pouvait varier du simple au double d’une semaine à l’autre, cela poserait un problème dans la gestion de vos finances.
C’est le même principe pour les entreprises qui, si elles ne sont pas capables de connaître le montant de leurs charges fixes, ne pourraient pas investir, recruter,…
Même principe pour l’Etat qui ne pourrait pas définir son budget et ferait donc varier les taxes (TVA, impôts sur le revenu,…) du jour au lendemain.
Bref en matière d’économie, la stabilité est essentielle ! On dit qu’une inflation de 2% est synonyme d’économie saine, synonyme de croissance.
Relation taux / inflation
Une baisse des taux, c’est :
👉 Emprunt moins cher pour les banques,
👉 Emprunt moins cher pour les particuliers et les entreprises,
👉 Plus de prêts réalisés,
👉 Plus d’investissements,
👉 Moins d’épargne dormante,
👉 Plus de développement économique,
👉 Moins de chômage,
👉 Plus de pouvoir d’achat,
👉 Plus de demande,
👉 Augmentation des prix (hausse de l’inflation)
Une hausse des taux :
👉 Emprunt plus cher pour les banques
👉 Emprunt plus cher pour les particuliers et les entreprises
👉 Moins de prêts réalisés
👉 Moins d’investissements
👉 Plus d’épargne dormante
👉 Moins de développement économique
👉 Plus de chômage
👉 Moins de pouvoir d’achat
👉 Moins de demande
👉 Baisse des prix (baisse de l’inflation)
Evidemment ce mécanisme ne se met pas en place en un claquement de doigt mais cela résume le pouvoir de pénétration qu’a la fluctuation des taux dans l’économie réelle.
Nb : Si on regarde la situation actuelle, les banques centrales sont frileuses à augmenter les taux. Pourquoi alors que l’inflation est très haute ? (plus de 5% en Europe et plus de 7% aux Etats-Unis).
Car l’économie se porte à merveille, les entreprises se portent à merveille et mécaniquement augmenter les taux fera baisser l’inflation mais fera aussi baisser le développement économique.
Le point d’équilibre n’est donc pas évident à trouver !
Le taux d’inflation à un instant T n’est pas le seul critère à influer les décisions des banques centrales.
C’est ce qui se passe à l’heure actuelle : la conviction est que cette inflation est ponctuelle et liée à la forte reprise économique post confinements. Ce constat ne sort pas du chapeau et de nombreux critères économiques le font penser.
Donc pour la banque centrale, réagir face à cette inflation : OUI car c’est son objectif principal mais surtout ne pas surréagir car cela pourrait être destructeur de croissance économique.
A chaque crise majeure de ces 20 dernières années, les banques centrales ont réagi en abaissant violemment les taux. Objectif : relancer l’économie.
Lien avec les marchés financiers et immobiliers
Obligations : Si les taux augmentent alors les nouvelles obligations émises se feront avec un taux plus élevé (meilleur rendement). Cela va inciter les investisseurs à vendre leurs anciennes obligations qui sont moins rémunératrices, le but étant alors d’en acheter des nouvelles.
Par la loi de l’offre et de la demande, le prix des obligations déjà émises va baisser car il y aura beaucoup d’offres.
En conclusion, si les taux augmentent alors le prix des obligations baisse. Et inversement.
Pour rappel, une obligation est un titre émis par un entreprise ou un Etat dans le but d’emprunter de l’argent. En contrepartie de cette obligation, l’émetteur s’engage à verser des intérêts annuels au propriétaire de l’obligation et à restituer le capital de départ au bout de la durée définie au départ.
Actions : Si les taux augmentent alors les entreprises empruntent plus cher et donc peuvent financer moins de moyens de production. En conclusion, des taux élevés impliquent des entreprises moins performantes et donc une baisse du prix de leurs actions.
En revanche, si les taux sont bas, les placements types assurances vies, livrets, obligations seront très bas, ce qui incite à investir en actions pour trouver de la rentabilité. Par la loi de l’offre et de la demande, cela entraîne une hausse des prix des actions.
Ce mécanisme est vrai pour les entreprises hors du service bancaire. En effet, si les taux augmentent, les banques auront l’occasion de faire plus de marges sur les octrois de crédit et donc seront plus profitables.
Livrets : Si les taux augmentent, mécaniquement les taux des livrets réglementés (livret A, LDD,…) et des fonds euros des assurances vies augmenteront aussi.
Immobilier : L’immobilier profite évidemment des taux bas car cela incite les particuliers à faire appel aux crédits pour financer l’achat d’un bien. Encore une fois, la loi de l’offre et de la demande implique une hausse des prix de l’immobilier.
IMPORTANT : N’essayez pas de définir vos investissements en fonction de ces mouvements de taux !
Il y a dans toutes les banques du monde, des milliers de traders bien meilleur analystes que vous et moi qui auront déjà anticipé cela avant nous si bien que le jour où la banque centrale dit “on relève le taux de X point à cette date”, le marché l’a déjà anticipé et les mouvements sur les prix ont déjà eu lieu.
Ces traders disposent de fonds exprimés en milliers de milliards d’euros, c’est ce qui fait qu’on appelle ces institutionnels, les “markets makers”. En somme, c’est leurs décisions qui font bouger les marchés.
Que faire à notre niveau ?
A moins d’avoir un haut niveau de connaissance et d’analyse sur le sujet, cela ne me parait pas opportun de vouloir trader en fonction des décisions des banques centrales.
En revanche, il est tout à fait possible de jouer avec les règles du jeu !
Aujourd’hui, détenir du cash ne rapporte rien, voire vous fait perdre de l’argent car la rémunération des livrets réglementés et des fonds euros sont inférieurs à l’inflation. Vous devez répondre à ces questions :
- Quelle épargne de précaution “court terme” (dispo sous 1 à 2 jours) ai-je besoin ?
- Quelle épargne de précaution “moyen terme” (dispo sous 30 jours) ai-je besoin ?
La somme correspondant à la réponse de la première question doit rester sur vos livrets alors que la somme de la réponse à la seconde question peut être sur des supports non risqués et très liquides (fonds euros ou obligations).
Le reste de votre épargne peut ensuite être investi sereinement sur différents placements en fonction de différents objectifs et de différents horizons de temps, tout en respectant une allocation d’actifs prédéfinie.
Pour finir, le plus important réside donc dans le fait que l’éducation financière fasse partie intégrante de votre projet. Cet article n’est en aucun cas un conseil en investissement, chaque cas est différent, spécifique, et nécessite une analyse précise de votre situation.
Si vous voulez enfin passer à l’action et maîtriser les bases de l’investissement pour vos premiers placements rentables avec mon aide, on peut en parler ensemble.